Manosque

Histoire avec 9 prénoms, Dimanche 22 Mai 2011

Manosque

La ville semblait endormie entre ses placettes et ses platanes centenaires...

Isidore a 25 ans, il était arrivé un matin à Manosque, avec son balluchon sur l’épaule, par le chemin des Cordeliers qui mène au centre ville historique. La ville semblait endormie entre ses placettes et ses platanes centenaires déployant leurs immenses branches telles des ailes d’un aigle, ombrant les courettes des cafés où se prélassaient le gens de Manosque dès le début de l’après midi, quand le soleil au Zénith dardait ses rayons encore nonchalants en ce début de Mai

Il était venu...

il était venu à Manosque il y a 4 ans et s’était arrêté ici pour lire

Il rencontra Jacques, assis à la terrasse d’un café, place des St Sauveurs, derrière l’Eglise. Jacques venait d’avoir 37 ans, il était venu à Manosque il y a 4 ans et s’était arrêté ici pour lire, puis pris de court à la fin de son livre, était rentré dans une librairie, celle du Chat errant et de la Chouette qui hulule et n’en était plus jamais reparti.

Pour preuve, il a racheté les droits à Gisèle, la propriétaire qui, allant sur ses 57 ans, avait sauté sur l’occasion pour prendre sa retraite

Elle sautillait...

Elle sautillait, espiègle, dans ses ballerines noires vernies et sa robe blanche

Une petite fille jouait au ballon dans la ruelle pavée, celle qui descendait vers la Porte des Remparts. Elle sautillait, espiègle, dans ses ballerines noires vernies et sa robe blanche à pois rouge virevoltait au gré du vent.

« Comment t’appelles-tu ?
– Louisa, j’ai 7 ans » répondit-elle.

Descendant la Grande Rue, Isidore franchit la Porte Soubeyran, ouvrant les remparts en pierre de la vieille ville, construits au 17 è siècle, et déambula sur le boulevard circulaire. Le bruit assourdissant des voitures le happa subitement et il courut chercher le calme dans le café d’en face. Gaston, 89 ans, le doyen des clients assis à une table en terrasse sirotait un thé à la menthe, le dos tellement courbé qu’on dirait le pommeau d’une canne, son sourire édenté en coin et les oreilles au vent.

Olivier, jeune ingénieur de 36 ans, était arrivé il y a une semaine au Centre d’essai nucléaire de Caradache, tout près de Manosque, et attendait son senior, Pierre, 47 ans, qui lui avait promis de l’emmener visiter la ville et ses environs, les collines alentour où Giono se promenait entre deux écrits.

En l’attendant, il tuait le temps en fouillant dans la librairie juste à côté du Musée Jean Giono. Un livre retint son attention – Autant en emporte le vent – Quel âge avait Scarlett quand elle rencontra Rhett ? 22 ans ?

Tout occupé à feuilleter son livre, il ne remarqua que tardivement la jeune lycéenne à côté de lui.

Une chevelure noire et lisse, chatoyante, tombant sur ses épaules fines et blanches, encadrant un visage ovale triangulaire mangé par une frange.

Il sentit son cœur battre très fort et se rappela tout à coup de son premier amour, Mai Lan. Elle avait 15 ans, c’était l’été de leur brevet et elle portait une robe mauve.

L’ancienne propriétaire de la librairie, Gisèle, passait de temps à autre. Elle était là cet après midi.

« Avez-vous trouvé votre bonheur, jeune homme ?
– Ah oui, non ».

Ces petits retours vers le passé le rendit rêveur.

Du fond de la cour surgit une toute jeune enfant comme un tournesol dans sa robe jaune d’or.

« Mon rayon de soleil dit la libraire. Elle s’appelle Luiza, elle a 3 ans et elle est arrivée aujourd’hui de Rome ».

Hy Hoà

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