– Aaaaaargh !!! criait-elle, son pied coincé entre les portes du wagon de métro.
– Attendez mademoiselle je vous aide !
Il tira les portes, les écarta. Du moins essaya. Il grimaçait, ses mâchoires se crispaient, et ses lèvres s’entrouvaient plus que ses deux adversaires, qui le separaient de cette jolie inconnue. Alors que la sonnerie retentissait, qu’il voyait le sable de la clepsydre s’ecouler inexorablement dans cette epreuve qu’il s’imposait, deux camarades d’infortune urbaine l’aidèrent.
Magali bondit a l’intérieur du wagon, entendit le claquement des mandibules derrière elle, se retourna, jura en voyant son chapeau vert kiwi laissé sur le quai, fit volte-face, remercia d’un signe de main les deux valeureux, et d’un signe de tete le preux chevalier. Gringalet et ruisselant, mais preux malgré tout.
Ses gestes s’etaient enchaines a une vitesse telle que Thomas avait pu rester figé, décontenancé. Il reprenait son souffle et esperait que cela ne se voyait pas trop.
– Ca va votre pied ?
– Je vais avoir bobo
– vous avez mal ? Vous allez boiter ? Je peux vous aider ?
– Peut-être.
– Dites-moi. Je suis là.
Regard amusé. Il a l’air gentil. Pas très futé, mais ce n’est pas ce qu’elle recherche. Au contraire. Et puis elle a un peu mal, c’est vrai. Et son pied est important pour elle. Comme son chat, les oignons dans les tartes, les bougies le jeudi, et le café avec Corinne à 10h30 au bureau. Des choses a conserver. A tout prix. Questions interdites, doute proscrit.
– Je vous offre un thé, pour vous…pour que vous…oubliiez votre douleur ?
– Et mon chapeau.
Il trébuchait sur les mots, mais se battait. Re-sourire. Pourquoi pas. Elle l’aimait bien, là, tout de suite. Et puis sortir de cette bouche mécanique, qui mastique mais qui ne déglutit pas, quelle bonne idée !
– Allez, zou, au thé !
