La marionnette en bois de Mickey Mouse s’enfuit
Du grenier abandonné. Elle court à grand bruit
De cymbales jusqu’au parc de Niki de Saint Phalle.
Saxophone et cymbales sur un air de gavotte,
Saxophone et cymbales sur un air de foxtrot.
Saxophone et cymbales sur un air de foxtrot.
Dans le jardin potager, la souris s’emballe :
POURQUOI LE POIREAU IVRE NE SERA JAMAIS LA PROIE DU HÉRISSON ?
La souris, nourrie au maïs sans OGM,
Est prête à tout pour nous faire savoir ce qu’elle aime,
Et se demande sur quel ton
Chanter des vers de mirliton,
Alerter José Bové
Mais fuir la maréchaussée.
Elle joue avec application du saxophone
Car elle aimerait bien que sa chanson soit bonne :
POURQUOI LE POIREAU IVRE NE SERA JAMAIS LA PROIE DU HÉRISSON ?
La musique s’emballe,
En avant les cymbales !
Délaissant le foxtrot, Mickey choisit le blues.
Toute la musique que Mickey aime, comme pour
Johnny, elle vient de là elle vient du blues.
Au jardin potager les légumes ont le blues,
Mais pour guérir de ce blues rien ne vaut LE blues.
Les mots les mots ne sont jamais les mêmes pour exprimer
POURQUOI LE POIREAU IVRE NE SERA JAMAIS LA PROIE DU HÉRISSON
Dans le jardin potager, les poireaux se redressent, s’interrogent et s’avancent d’un air dubitatif vers des carottes encore timides. Au son du saxo, le hérisson se décontracte, sort de sa boule, hésite, tâtonne puis trotte dans tous les sens sur des rythmes mabouls. En avant la musique ! La statue géante de Niki de Saint Phalle danse, les bras écartés, tendus vers le ciel. Les laitues agitent leurs feuilles à tout vent.
Les carottes vont jusqu’à se déterrer tandis que les poireaux, ivres de blues, s’agitent, chantent, comme dans une manif, leur refrain, leur slogan :
POURQUOI LE POIREAU IVRE NE SERA JAMAIS LA PROIE DU HÉRISSON ?
Enfin les poireaux se lâchent et leur air de blues, répété à l’envi, se transforme peu à peu en air de rap.
Du rap en folie, des syllabes envoyées comme des rafales à travers le jardin. Des syllabes scandées, répétées, égrenées, hachurées à l’infini,
du rap quoi :
POUR-QUOI-POUR-QUOI
POUR-QUOI-POUR-QUOI
LE-POI-REAU-IVRE (bis)
LE-POI-REAU-IVRE (bis)
NE-SE-RA-JA-MAIS
NE-SE-RA-JA-MAIS
LA-PROIE-DU-HÉ-RI (bis)
LA-PROIE-DU-HÉ-RI (bis)
LA-PROIE-DU-HÉRIS-SON ?
LA-PROIE-DU-HÉRIS-SON ?
Soudain, tout retombe dans le silence
Niki de Saint Phalle, elle, se balance.
Une petite fille Rom, venue d’on ne sait où,
En partance pour on ne sait où,
S’avance dans le jardin.
Elle n’a peur de rien.
Elle a peur de tout.
Elle ne sait plus où
Pleurer, jouer de l’accordéon diatonique.
Petite, déjà condamnée à gagner du fric.
En avant sa musique
Une musique venue d’on ne sait où,
En partance pour on ne sait où.
Là ce n’est plus du rap,
On a changé de cap.
Les poireaux ivres se sont tus.
Elle ne les as pas vus.
Elle joue la musique du silence
Niki de Saint Phalle se balance.
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Un coup de silence
Ou le silence des coups ?
Silence haïkus ?
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Toi, petite Rom
Tu joues là comme personne
Toi, petite Rom
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Enfant de la balle
Emporte la fin du bal
Adieu ma Saint Phalle.
