5. Et si j’allais commettre une erreur ?

Et si j’allais commettre une erreur ? Pourquoi pas ? Une bonne petite erreur… Adieu le travail bien fait jamais récompensé. Mon patron ? Mais mon patron s’en moque de mon travail bien fait. Il ne le voit même plus ce travail. Alors question augmentation je peux toujours courir. Maintenant c’est décidé, je vais commettre une erreur. Une bonne petite erreur… Le travail bien fait ne mène à rien ? Le travail bien fait ne se remarque pas ? Alors vas-y pour le travail raté. A moi les erreurs, les plantages et les cafouillages en tout genre. D’ailleurs c’est toujours comme ça : un truc se plante, la machine se plante, le métro est en grève et nous voilà enfin immobilisés pour de bon, ensemble. Et c’est là que les choses se passent, que les gens se parlent, que les vrais problèmes s’expriment enfin. On arrête de toujours vouloir tout réussir, à tout prix, chacun dans son coin, seul à en crever. Commettons des erreurs, créons la panne. C’est quand ça ne marche plus que ça marche. Rien ne va plus ? On ne peut plus avancer ? Alors c’est que tout va mieux et que tout avance : les gens se parlent, se racontent le pourquoi ça ne marche plus, le pourquoi il y a des erreurs, le pourquoi on travaille. Le pourquoi nous vivons.

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

6 réponses à 5. Et si j’allais commettre une erreur ?

  1. Pierre-Marie dit :

    Tellement juste et bien vu… Je m’y mets dès demain au bureau.

  2. marie francoise dit :

    AGRIPPA philosophe!
    sommes nous indispensable? pour quelques personnes seulement, C’est bien triste mais c’est ainsi!

  3. Bernard Palayret dit :

    Cher Agrippa,

    Je te retouve bien dans ces fragments souvent poétiques, parfois lofoques. Ils appellent un monde plus respirable et fraternel.

    les fragments que je préfère sont ceux où tu utilise la forme en vers. Il me semble que tu y es plus libre et plus inspiré.

    Bernard P

  4. Agrippa Delil dit :

    Merci. Toi aussi je te retrouve bien dans ton recueil de nouvelles qui vient de paraître aux éditions Kirographaires. Ton livre a été pour moi un voyage dans le temps, dans l’espace, dans les milieux sociaux, dans la violence des moeurs, le choc des cultures et des langues. Je ne me suis pas ennuyé un seul instant. J’ai été ému par l’étouffoir moral et religieux, parfois présent en milieu rural, dont tu as très bien restitué la brutalité. La première nouvelle du recueil est sans doute celle où la négation de l’individu est la plus troublante. J’aime d’autant plus la noirceur de ce que tu racontes que tu as l’élégance de ne pas t’y enfermer. La plupart des nouvelles s’achèvent souvent dans la clarté d’une certaine lumière. On comprend à quel point le titre de la dernière nouvelle n’est pas un vain mot mais réellement le mot de passe indispensable, le mot magique, l’incantation ultime pour ne pas sombrer dans le désespoir. Et ça marche. Les personnages de tes nouvelles rencontrent enfin les événements, parfois de très petites choses, qui enflamment le désir de vivre.
    Merci pour cet ouvrage qui n’a pas fini de me tenir compagnie et pour lequel je suis heureux de faire un peu de publicité :
    http://www.edkiro.fr/parfois-les-jours-se-suivent-depuis-trop-longtemps.html

  5. CAROLINE dit :

    Oui pannons-nous histoire de changer un peu !

Laisser un commentaire