Euphrasie Filoselle

– Cap’taine Igloo au secours !
– J’arrive Euphrasie !
– Aaah l’eau monte.
– Bois-la. Igloo igloo igloo !…
– J’enrage, je nage, j’enrage, j’en bave, je surnage…
– File au ciel Euphrasie, bien nommée Euphrasie Filoselle !…
– Cette île ne sera pas mon tombeau, malgré cette eau qui tombe de mon front sur ma nuque, en serpentant le long de ma joue. Ouououuuu. Igloo Cap’taine Igloooooo. Je dois oublier ma maladie sur cette île et partir…partir m’ennivrer d’écriture à l’igloo.

« Pauvre Eugénie » se disait sa mère. Ses yeux étaient secs d’avoir trop pleuré, son dos courbé de l’avoir trop veillée, ses gestes brusques d’avoir trop monologué.
Ils avaient mis plus d’un an à lui diagnostiquer sa maladie. En partie du fait de sa rareté, et en partie à cause de l’incompréhension de la langue. Deux françaises seules, sans homme, en Angleterre, sur cette île qui n’en est pas une, cela aurait pu être une odyssée. Mais avec cette terrible maladie, aussi sournoise que dégénérative, cela était devenu un naufrage. Lent sans aucun romantisme. Douloureux sans spiritualité. Inéluctable sans être juste.

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