La leçon de piano de Fragonard

– Hey poupée lâche ton clavecin c’est trop nase.
– Cher Aymeric, laissez-moi étudier. Que dirait papa Wagner s’il vous savait là ?
– Mais t’inquiete c’est chiant ton truc. Et puis j’ai une nouvelle moto.
– Mon Dieu mon Dieu mon bon ami, vous êtes parfois d’un ennui…
– Aaah mais fais pas ta difficile je t’ai dans la peau tu sais bien.
– Je ne saurais vous être agréable, mon cousin. Et puis Aristotélaisse est malade, je ne puis lui demander de sortir.
– Aristaquoilèche ? C’est qui ça ?
– Mais… mais quelle audace ! Il s’agit de mon chat. Vous devriez avoir ma bien-aimée en souvenir, si vous étiez un véritable gentilhomme. Ne vous ai-je  donc point conté notre rencontre ?
– Votre rencontre ? Avec un matou ? Mais moi aussi je suis un gros minet, on peut se rencontrer… Tac tac…tu vois, genre à la Fragonard.
– Ecoutez plutôt. J’étais allitée par une mauvaise grippe. Cela avait duré dix jours harrassants et dix nuits agitées. Lorsque mon corps commençait enfin à reprendre des forces, je n’osais néanmoins sortir de ma chambre, ma voix si mélodieuse d’habitude, avait été tragiquement affaiblie par une vilaine toux. Cloîtrée, j’errais, mon âme était en peine. Je souhaitais me raisonner en me répétant « Iphigénie, tu sais bien que tout cela aura une fin. Prends ton mal en patience, et pense comme les petits africains sont plus accablés. Ils doivent même parfois douter de Dieu lui-même, terrassés par leur malheur ». Mais, vous savez bien ce qu’il en est, à treize ans l’on a des envies difficilement répressivles, quelle que soit la force de notre caractère, n’est-ce pas ? Je tournais en rond, à dire vrai, comme une bête en cage, lorsque j’entendis par la fenêtre…
– Ouais c’est ça, ça sonne ton clavier. Allez je me tire, je vais tenter ma chance avec l’esoagnole Dora tiens. Allez ciao bambina.

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