La montagne

LA MONTAGNE
09 MAI 2012

Il surveille la montagne. Il attend l’événement. Celui qui fera de ce jour ordinaire un jour extraordinaire. La lumière d’été lui arrache des larmes. Il est impossible de fixer un point. La chaleur distord l’espace. Il aime cette atmosphère presque irréelle du plein été. Quand il était enfant son grand-père croyait le punir en l’éloignant du village. Mais c’est dans cette étendue brûlante et bruissante qu’il se sent lui-même.

Il a a été question de construire un funiculaire. Heureusement personne n’a jamais pu trouver les fonds. Enfant, il savait déjà que son métier serait de surveiller la montagne. De faire un avec elle. De respirer à son tempo. Tour à tour, il est le vent, la lumière aveuglante, La roche brûlante, les herbes odorantes. Il fait trop chaud encore pour que l’événement se produise. Depuis peu des aigles se sont installés. Alors depuis, lui aussi est un aigle. La première fois il ne l’a pas vu. Il a vu l’air frissonner mais la lumière l’aveuglait. La seconde fois il a entendu un froissement. Et un jour il l’a vu.

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à La montagne

  1. Agrippa Delil dit :

    Ce petit texte est envoûtant. Pendant un instant j’ai quitté Paris pour me fondre dans la montagne.

Laisser un commentaire