Le jardin

LE JARDIN

Petit matin. L’eau perle sur les fleurs. Une légère buée flotte dans l’air. Elle attrape le tuyau d’arrosage. La pluie n’a pas humidifié le sol. Trop courte. Elle aspire profondément l’air. Ce jardin est sa croix et son bonheur. Tous les jours, il faut biner, gratter, arroser. Tous les jours elle maudit l’âge et son cortège de douleurs. Se pencher devient une torture. Eclaircir les rangs des semis, encore une autre torture. Personne ne comprend pourquoi elle s’obstine. Elle ne l’a pas dit. Ils ne comprendraient pas. C’est une pure folie. Elle entretient ce jardin spécialement pour cette heure de la journée. Son heure. La rosée commence  à sécher, les parfums à se développer.Les plantes et les fleurs sortent du sommeil, s’ébattent dans le vent matinal et se tendent vers le soleil. Le temps est plein de la vie. C’était ici qu’elle venait quand ils avaient la boulangerie, juste avant l’ouverture. Là-bas, elle entrait dans un autre univers. Un monde d’odeurs aussi. D’abord c’était l’odeur de la farine dont la poussière lui asséchait les bronches. Juste après il y avait l’odeur du pain chaud mêlée à la sueur des ouvriers et de son mari. L’odeur de la fatigue brutalement envahissait l’espace. Il était alors temps d’ouvrir la boulangerie

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