L’esquimau

L’esquimau essuie une larme de froid dans la nuit polaire. Il ne sait plus si c’est le soir ou le matin. Le temps se dilue dans l’obscurité. Son fils, dans un éclat de rire, lui dit : mais papa c’est le matin ! Depuis son voyage en France, la nuit perpétuelle de l’hiver le chagrine. Avant il s’immergeait dans le noir, se laissait porter vers l’été. Maintenant qu’il a vu le temps se diviser dans la lumière chaque jour, le noir n’est plus une couleur c’est un poids.
Ici le temps est comme une note étirée à l’infini.
Là-bas, le temps est une succession de notes avec des rythmes changeants, des accélérations, des ralentissements. Les harmoniques se déroulent dans le soleil et même dans l’ombre de la nuit.
Là-bas on sent que l’ombre protège la lumière, lui prépare une scène pour son retour au matin.
Ici, soudain, il a l’impression que l’obscurité cherche à étouffer la lumière ou bien la cherche désespérément, sans fin.

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire