Utiliser le Blog
Commentaires récents
- Emmanuelle P dans Mère disparue, de Joyce Carol OATES
- Philippe E dans Mère disparue, de Joyce Carol OATES
- Cécile C dans Mère disparue, de Joyce Carol OATES
- Cécile C dans Les retrouvailles
- Emmanuelle P dans Les retrouvailles
PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
Dans ce livre, Anne Berest retrace le destin de ses ancêtres à travers une enquête palpitante et instructive. La réception par sa mère d’une carte postale anonyme, sur laquelle figurent quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques, déclenche ses recherches. Dans une première partie, elle retrace le destin de la famille Rabinovitch, à travers l’Europe et en France avant la déclaration de la seconde guerre mondiale, dont les grands-parents, tante et oncle de sa mère seront déportés et assassinés à Auschwitz en 1942. Une deuxième partie, raconte la vie aventureuse de Myriam
C’est un chef d’œuvre d’intelligence et d’humanité. Un des aspects qui m’a plu est le fait qu’elle donne l’étymologie de certains mots hébreu, leur signification par rapport aux textes anciens et leurs liens avec la culture juive.
Recherche
-
Textes par auteur·e
Textes par atelier
-
Derniers textes mis en ligne
Textes par date
7. Ombre et lumière
Les deux personnages, situés à l’arrière-plan du tableau, viennent tout juste de faire l’amour dans la joie et la bonne humeur. Elle, nue, lascive, est allongée sur une longue feuille végétale en forme de hamac. Un plaisir physique et sensuel se prolonge dans sa main posée sur le sein caressé, l’instant d’avant, par son amant. Lui est parti se baigner, nu, dans l’eau douce et enveloppante d’un ruisseau paisible. Il s’avance dans l’eau jusqu’à la hauteur de son sexe qu’elle caressait, l’instant d’avant. Tout deux sont dans la joie indicible qui suit leur accouplement. Une sensualité animale, au coeur de la forêt, une île lointaine, une île au milieu des tropiques. Ivresse, volupté d’un acte sexuel débridé, sous une lumière éclatante, une chaleur moite, dans la luxuriance végétale d’une île paradisiaque. Sur le hamac, la femme comblée laisse aller sa tête tournée vers l’avenir : prendre un bain dans le torrent de la rivière, entourée des trois enfants qu’elle projette de concevoir avec l’homme qu’elle aime, et qui l’aime. Une baignade qu’elle entrevoit dans la lumière et sous la bienveillance d’une divinité, la statue d’une Venus antique, vue de dos. Son avenir de mère se baigne dans le torrent de la rivière, le torrent de l’amour, sous le regard protecteur d’une Venus, peut-être égyptienne, échappée d’une pyramide ou d’un temple édifié il y a bien longtemps, dans la nuit des temps.
Mais, pour l’heure, sur cette île de l’amour, celui qu’elle aime est parti se baigner nu dans la rivière. Son pénis est recouvert d’un coquillage circulaire. Celui-ci a été déposé sur son sexe par la main amoureuse de cette femme restée sur le hamac. Ce n’était pas un geste de pudeur : le bruit court en effet que le pape GCDE surveille la rivière au premier plan, sur la gauche du tableau. GCDE ? Grand Castrateur Devant l’Éternel. Elle sait que l’avenir pourrait être contré par ce GCDE et c’est pourquoi elle se voit aussi dans un futur, avec ses trois enfants, armée d’un bâton sur l’épaule, prête à se défendre et à protéger ses petits. La présence écrasante du GCDE fait monter l’angoisse sur le visage de son amant si heureux, l’instant d’avant. Le caillou, qu’il serre dans sa main droite, sera-t-il de taille à faire fuir l’intrus ? Lequel se tient, les bras en croix, dans la fatalité d’une obéissance aux voies du Ciel qui, elles, sont, comme chacun sait, impénétrables.
Ce n’est pas la première fois qu’un pape prône la castration. Historiquement, celle-ci se pratiquait pour des raisons strictement musicales. Les papes ordonnaient en effet la castration des chanteurs de leurs églises. Le but était de les obliger à conserver leur voix d’enfant, tout en bénéficiant d’un volume sonore que seule la cage thoracique adulte peut produire. Sixte Quint fut le premier pape, en 1589, à autoriser formellement une telle cruauté. C’est ainsi que se développa, dans les temps qui suivirent, la terrible tradition des castrats, au choeur de la chapelle Giulia, dans la basilique Saint-Pierre à Rome. Sur ce tableau, notre GCDE ferait mieux de regarder vers le bas plutôt que vers le ciel. Il y verrait que les dents d’un lézard géant s’apprêtent à lui faire subir le même sort que celui autrefois réservé aux malheureux chanteurs de la chapelle Giulia.
La présence d’une sombre BPM, située à l’arrière-plan du tableau, près des deux arbres, représente sans doute un danger bien plus mortel pour les deux amants. BPM ? Burqa Pour Mec. La BPM arrive du royaume des ombres afin de punir la fornication des deux amants, pourtant espionnée jusqu’au bout par ses soins malveillants, dans un silence inquisiteur, l’instant d’avant. La BPM est en réalité une robe de bure au service des forces de l’ombre et de la mort. Une mort que cette BPM a d’ailleurs essayé d’engendrer en jetant un sort aux deux amants. En témoigne cet arbre mort, le tronc déchiqueté par la foudre, resté suspendu en oblique, et qui a bien failli s’abattre sur le hamac, juste au-dessus de la belle endormie.
N.B. Cela fait plusieurs jours que j’ai achevé d’écrire ces insulaires élucubrations et j’apprends que le pape représenté sur le tableau n’est autre que le fameux Pie XII, celui-là même dont le pontificat s’est déroulé dans une Europe en plein nazisme. Ce collage de Jacques Prévert, intitulé Des animaux terrestres, est reproduit dans Fatras (1966) où il s’accompagne de deux phrases écrites par Prévert lui-même :
– Pie : nom d’oiseau de certains papes.
– Si on avait compté les siècles depuis Eros ou Venus, au lieu d’après Jesus-Christ, on n’en serait pas là.
P.S. En France, bien loin de cette île, avec un tout nouveau président, nous sommes encore en Vème république. Une république où, comme dans le tableau de Prévert, les forces de l’ombre existent. Elles se nourrissent aujourd’hui, entre autres, des âmes perdues de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont. C’est là que L P tente d’asservir les plus faibles et les plus meurtris, avant de les jeter dans un monde sans joie. L P ? Le Pen. On se prend à rêver : et si la Venus antique du tableau pouvait vaincre l’obscurantisme répandu par L P ? Et si on lui donnait un coup de main ?
Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.