Photo de famille

Il regarde la photo, stupéfait… La photo de pépé et mémé au cours de leurs vacances pendant l’été 1954. Et il voit. Il voit !!… Maintenant qu’il sait, il voit ! Il comprend… Mais comment est-ce possible ? Elles étaient déjà là ! Elles et leur regard immobile, attentif… qui le fixe…. Ce regard qui lui dit : « on est làààààà…….On te regaaaarrrrrde… »

Et il ne l’avait pas vu avant ! Ah ! Mais comment avait-il pu ne pas voir !? Ne pas savoir !? Elles étaient là depuis le début ! Depuis toujours !! Incrustées ! Infiltrées ! … Mauvaises comme le chiendent qui s’accroche sans pitié, sans fatigue, sans raison même autre que celle de vous envahir !!…

Stooooop !

Il fallait qu’il se reprenne ! Qu’il garde la tête froide. ..

Mais comment ?

Il passe d’une image à l’autre…. et partout ! Partout, il les voit ! En 72, pendant le pique-nique, sous le gros chêne : elles sont là ! Et en 84, pour les premiers pas de Louison (ah ! Zonzon …) elles sont là aussi !

Les photos tombent une à une à ses pieds.  Frénétiques. Implacables… Elles hurlent la même question sans appel de pardon : mais comment as-tu pu ne pas voir !!!????

Il tient encore la dernière photo…celle de pépé et mémé, au cours de leurs vacances pendant l’été 1954… Autour de lui, tout est sens dessus dessous.

Il les regarde… pépé et mémé… Dans sa tête soudain, le silence………

Et puis elles sont là ! Encore ! Et encore ! Elles le regardent ! Elles le narguent même : elle étaient làààààà ! Depuis le début !!!!! Et il n’a rien vu… Rien !

T’as rien vu ! T’as rien vu ! Bêêêêêêê ! Bêêêêêêêê !!!!

Alors, il arrache ! Il s’en fout ! Il ne se laissera pas faire ! Ah ! elles ont voulu le piéger, hein ?! Ah ! elles ont cru pouvoir l’avoir jusqu’au bout, hein !?

Et bah non !!!!

Et puis le silence. A nouveau.

Pépé. Mémé. Têtes tranchées, gisent sur le plancher.

Le silence enfin, peut-être…

Mais il pleure, quand même…

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5 réponses à Photo de famille

  1. Agrippa Delil dit :

    Bravo. Quelle histoire ! En regardant cette paisible photo de famille, on ne s’attend pas du tout à la violence finale. Ici ce n’est pas LE SILENCE DES AGNEAUX mais, bien plus redoutable, LE SILENCE DES CHÈVRES.

  2. Mutty dit :

    Drôle! vraiment très drôle! on en oublie de regarder les deux petits vieux! super!

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