Première !

 » Enfant, tout est neuf. A chaque jour son lot d’inédits, de premières. « Tiens je l’avais jamais vu ce truc là ! Hé, ça non plus ! Chouette alors ! ». Et puis ça se tasse gentiment. Passé un certain âge, les « premières fois » se font très rares. Premier baiser ? Déjà loin. Première tartiflette ? Pareil. La vie est une fonction logarithmique vacharde qui à l’infini tend vers zéro.

Mais aujourd’hui est un bon jour car j’ai eu une « première ». En effet, pour venir à l’Atelier sous les toits, j’ai pris un train-fantôme.

Il est arrivé sur mon quai à Neuilly Plaisance toutes lumières éteintes et au ralenti. En m’approchant des portes, j’ai vu qu’il y avait des gens à l’intérieur du noir. J’ai songé un instant que ça pouvait être une surprise pour mon anniversaire. Que la lumière allait s’allumer, les gens se mettre à chanter et danser sur un rythme de samba dès que je serais rentré dans le wagon. Mais non, ça ne pouvait pas être ça car c’était l’hiver et je suis toujours en T-shirt pour mon anniversaire. Alors… Des économies de bouts de chandelle alors ? Ou bien une nouvelle animation du directeur de la ligne ?

Bon, je suis rentré quand même et le train était juste noir, complètement plongé dans l’obscurité. Atmosphère étrange pour le moins. Conséquence de l’absence de lumière sans doute, tout le monde parlait à voix basse, même les touristes à casquettes de retour de chez Mickey. Et puis, il y avait un autre truc qui ne collait pas : on avait l’air quasi beaux comme ça dans le noir. Pourtant, je nous connais bien, nous les galériens du RER A, déjà le matin c’est pas le premier prix de beauté mais alors le soir, on a franchement l’air hagard.

Au final, je nous préfère comme ça d’ailleurs, juste en ombres chinoises. Glissant lentement, perchés sur les rails, avec les lumières jaunes-pâlottes des réverbères qui nous font comme une haie d’honneur de chaque côté des vitres, dans le monde réel.

Evidement, le petit miracle n’a pas duré longtemps. A Vincennes, les lumières se sont subitement réveillées. A peine le temps de voir quelques timides sourires de connivence s’évanouir en catimini que nous avions tous repris notre figure boudeuse de transiliens élevés en batterie sous la lumière brutale des néons. »

Texte un peu augmenté et corrigé par rapport à la version « live ». En bonus ci dessous le résultat d’une recherche Google Images avec le mot « logarithme ». Cherchez l’intrus(e) !

 

Enfant, tout est neuf. A chaque jour son lot d’inédits, de premières. « Tiens je l’avais jamais vu ce truc là ! Hé, ça non plus ! Chouette alors ! ». Et puis ça se tasse gentiment. Passé un certain âge, les « premières fois » se font très rares. Premier baiser ? Déjà loin. Première tartiflette ? Pareil. La vie est une fonction logarithmique vacharde qui à l’infini tend vers zéro.

 

Mais aujourd’hui est un bon jour car j’ai eu une « première ». En effet, pour venir à l’Atelier sous les toits, j’ai pris un train-fantôme.

 

Il est arrivé sur mon quai à Neuilly Plaisance toutes lumières éteintes et au ralenti. En m’approchant des portes, j’ai vu qu’il y avait des gens à l’intérieur du noir. J’ai songé un instant que ça pouvait être une surprise pour mon anniversaire. Que la lumière allait s’allumer, les gens se mettre à chanter et danser sur un rythme de samba dès que je serais rentré dans le wagon. Mais non, ça ne pouvait pas être ça car c’était l’hiver et je suis toujours en T-shirt pour mon anniversaire. Des économies de bouts de chandelle alors ? Ou bien une nouvelle animation du directeur de la ligne ?

 

Bon, je suis rentré quand même et le train était juste noir, complètement plongé dans l’obscurité. Atmosphère étrange pour le moins. Conséquence de l’absence de lumière sans doute, tout le monde parlait à voix basse, même les touristes à casquettes de retour de chez Mickey. Et puis, il y avait un autre truc qui ne collait pas : on avait l’air quasi beaux comme ça dans le noir. Pourtant, je nous connais bien, nous les galériens du RER A, déjà le matin c’est pas le premier prix de beauté mais alors le soir, on a franchement l’air hagard.

 

Au final, je nous préfère comme ça d’ailleurs, juste en ombres chinoises. Glissant lentement, perchés sur les rails, avec les lumières jaunes-pâlottes des réverbères qui nous font comme une haie d’honneur de chaque côté des vitres, dans le monde réel.

 

Evidemment, le petit miracle n’a pas duré longtemps. A Vincennes, les lumières se sont subitement réveillées. A peine le temps de voir quelques timides sourires de connivence s’évanouir en catimini que nous avions tous repris notre figure boudeuse de transiliens élevés en batterie sous la lumière brutale des néons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonus track : les facéties de Google Images quand on cherche « logarithme ». Cherchez l’intrus(e).

 

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