Avec deux doigts

Comment décrire ce geste ?
Je pourrais détailler la mécanique de la rotation – ou de la torsion d’ailleurs ? – du poignet. Mais je ne suis ni médecin, ni dessinateur. Et surtout cela ne vous dirait en rien pourquoi je l’aime ce geste.
Comment vous dire ? Tout d’abord il m’évoque le sud, celui où les hommes se chamaillent pour mieux rire. Ce mouvement est court et ramassé dans l’espace, mais rapide, et à la limite de la rupture. Il semble dire « Comment oses-tu ? Es-tu fou mon frère ? As-tu oublié ma face ? ».
Je l’aime, j’y suis attaché, peut-être d’autant plus qu’il garde une part d’inexpliqué. Si je devais lire ce texte à voix haute, me comprendrait-on ? Serais-je obliger de le mimer ?
Moi j’écris comme je parle : avec les mains, et des mots gros comme la voix de ce déraciné qui crie l’olivier de son enfance. Il est mat, un peu gros, a le regard intense, et le sourire de celui qui chante dès que vient la nuit.
J’aime ce geste des deux doigts. Pourquoi en utiliser plus ? Mes mots se comptent sur ceux-là. Je l’utilise pour poser la question « pourquoi ? » et pour demander des précisions, que j’écoute malheureusement d’autant moins que je regarde ma main.

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