Charlotte, qui rêve de bonbons-lune

– « Charlotte, à table ! Allez dépêche-toi, il est déjà 19H30, ça va refroidir.
Le jeudi soir c’est pâtes à l’émmental. Tous les jeudis. Ca réjouit d’avance le père de Charoltte, qui pense toujours être un grand sportif en recherche de glucides lents, et son frère, qui a l’impression d’enfin manger des légumes, pour changer des pizzas.
Charlotte est derrière sa mère lorsqu’elle crie cela. Elle ne l’a pas vue. Elle ne sait jamais où sa fille est, ce qu’elle fait. Préoccupée par ses tâches ménagères, ses réunions syndicales avec les copines de la RATP, et à essayer de calmer les envies d’ailleurs de son mari, elle ne voit pas Charlotte.
Elle est invisible pour elle. Déjà toute petite, elle n’en voulait pas d’un second enfant. Et quitte à en avoir un, autant que ce soit un garçon. Au moins ça se débrouille totu seul, c’est plus dégourdi. Et puis elles ne se comprenaient jamais, les quelques fois où elles discutaient. Pour les goûters, Charlotte rêvait de bonbons-lune par exemple. Mais les bonbons-lune, ça n’existe pas ! Et si elle pouvait y aller vraiment sur la lune, elle se rendrait utile, elle serait peut-être connue. On serait tous ensemble en photo dans les Paris Match, là ce serait classe. Au lieu de ça, mademoiselle invente, imagine, rêvasse.

Qu’elle reste dans son monde. Du moment qu’elle peut y rencontrer un bon parti dans quelques années… Ca se passerait bien pour elle. Avec un agent immobilier par exemple. Ou un travail de bureau plutôt, vu qu’elle aime bien lire et écrire celle-là. Il y en a un qui la comprendrait peut-être. Enfin !…

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