Le bal

Elle a la peau fatiguée par le contact des regards. Elle le sait, mais plisse toujours les yeux, prenant la pose. D’un physique commun, elle s’est construit la présence d’une personne importante. Quelqu’un qui compte. Pas sur ses doigts ; pas son argent ; pas son histoire. Et son pas est lourd.
Lui est pressé. Il va rater le début. Comme d’habitude. Il va sourire, regarder autour de lui, cherchant à reconnaître des visages connus et des dons d’attention. Il va s’ennuyer et utilisera des mots emphatiques à la fin du spectacle. Il ne ressent pas, il ne comprend pas, mais sait sa leçon. Il la récite bien d’ailleurs. Ses gestes sont sûrs, suffisamment variés et rythmés, sans êter brutaux. On le croirait chef d’orchestre. La musique douce à ses oreilles est celle de l’admiration. Celle qu’il joue est celle du pouvoir. De la place sociale.
Cela devait être une soirée classique, avec pianos et violons, chanteurs et danseurs. Tel devait être le bal de ce soir. Mais ils se sont croisés.
Une attirance immédiate. Pas de séduction. Pas de sentiment. Mais l’envie de dominer l’autre. L’envie d’être bercé de reconnaissance. D’être pris dans des bras de plénitude.
Ses cheveux blonds sont longs devant ses yeux. Sa queue de cheval met en lumière sa mâchoire carrée. Deux sourires. Pas de joie. De l’intérêt, de l’excitation. Un combat à venir. Leur association face à leurs congénères sera évidemment un succès. Ils ont le nom. Ils ont les connaissances. Ils ont la naissance. Leur coeur sert à apprendre. Leur mains à se porter. Leurs dents à mastiquer. Et ils avancent sur leur droit chemin.

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