ALLER-RETOUR

C’est à 11heures tapantes au soleil que je débarquai sur Sal pour la première fois de ma vie.

C’est seul, que je mis le pied sur cette île du Cap Vert.

J’avais quitté femme et enfants sur un coup de tête, sous l’emprise de la colère mais aussi de l’alcool. Car ce soir là, j’étais complètement soûl .

Ensuite, j’avais erré toute la nuit dans les rues sombres du Havre et au matin, à peine dégrisé, j’embauchai sur un cargo qui transportait des marchandises à destination de Sal.

La géographie, ce n’est pas mon fort, alors quand j’ai entendu ce nom, j’ai cru que c’était une région près du Sahel, aride et desséchée avec des croûtes de sel à l’emplacement d’anciens lacs désormais taris.

Je déambulai toute la journée dans les rues étroites de l’île, desoeuvré et hagard.

Le soir tomba, des concerts spontanés jaillirent de toutes parts, de la folk, du jazz, de la soul…

A mon corps défendant, les chants de ce pays me pénétrèrent, prirent possession de moi, de mes veines, de mon âme.

Brutalement la nostalgie m’envahit, je compris que ce que j’avais quitté, c’était tout ce que j’avais au monde.

J’entendis au loin la sirène du cargo indiquant qu’il repartirait bientôt.

Ce fût le signal du retour.

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