François François

Cher François,
Je t’écris sachant que tu n’auras pas cette lettre, mais peu importe, j’ai surtout besoin de retrouver nos échanges d’autrefois. Pour tout te dire, c’est dur, c’est très dur. Bien plus que je ne l’avais imaginé. Comment faisais-tu toi, lors des grands moments de solitude qu’implique notre fonction ? A qui te confiais-tu avant les décisions impossibles ? Ton amour de la lecture te permettait sûrement de t’évader pour ne plus penser aux soucis de l’État, qui nous rongent parfois comme une carie creuse une dent.
Il est vrai que depuis quelques semaines, j’ai rêvé à l’évasion. Même Valérie n’en sait rien. Je m’isole le soir et je reprends ce livre envoutant dont le titre est « La rose indienne ». Incroyable, non ? Cette rose qui me hante et qui est revenue métamorphosée en roman à l’eau de rose. Hier, j’ai dû laisser l’héroïne, assise à une table à la nappe fleurie. Son aventure avec le jardinier laisse la fille mélancolique et même le soleil levant ne lui redonne pas espoir.
Tu vois où j’en suis, mon cher François, pour oublier les chiffres catastrophiques, les manifestations, les crises en tout genre. Mon impuissance est totale, mon palais est devenu une forteresse. Je n’ai pas ton érudition, et certes, nous ne vivons pas la même époque.
François H.

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