Miriam et le violoniste

Tous les matins, elle l’entendait jouer à travers le mur. C’était toujours le même air de violon. Si elle avait pu le voir, elle aurait vu qu’il se tenait debout devant la fenêtre, bien au milieu. En face de lui, la vue était dégagée jusqu’au viaduc qui reliait les deux pans de la vallée. De ce côté du mur, le son du violon était un peu plus feutré qu’en réalité, et Miriam, qui n’était pas habituée au son du violon, imagina que son voisin jouait d’un petit instrument à vent. La mélodie très douce lui rappelait la musique qu’elle entendait dans son village en Afrique. L’Afrique, elle l’avait fuie dans le drame et dans la précipitation. Elle avait trouvé refuge ici, avait retrouvé sa tante installée à Paris depuis le temps de ses études. Miriam s’ennuyait dans le petit appartement. La ville l’effrayait, elle qui était habituée à l’espace, à la nature sèche, au vent chaud. En ville, elle se sentait prisonnière. Lorsqu’elle entendait le violon du voisin, elle fermait les yeux et toutes les images de son pays bienaimé lui revenaient. Elle en avait fait un rendez-vous, celui d’un voyage intérieur, d’un recueillement, qui lui permettait ensuite de passer la journée. Cette balade de l’esprit l’emmenait sur le chemin de ses souvenirs, lui permettait de revoir la couleur du ciel le soir.

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