Paroles

– Esteban, arête de me pipeauter. Envoie la clé.
– Mais Pedro, je te jure que je ne l’ai pas.
– Esteban, tu sais de quoi je suis capable. Ne me force pas à changer de ton. Pour l’instant je te le demande gen-ti-ment !
– Pedro, il faut que tu me croies ! Ca doit être Miguel qui t’a mis ces idées saugrenues en tête. Sur l’honneur de Rafaëlla…
– Ne mêle pas ma soeur à ça Esteban ! Je lui avais dit de ne pas épouser un loser comme toi…

– Romuald, tu peux éteindre la télé, j’ai à te parler. S’il-te-plaît.

Elle savait qu »il n’aimait pas cela. Parler. C’était pourtant vital dans son couple. Pour lui, c’était comme ramener du travail à la maison. Elle le voyait soupirer, traîner des pieds. « Jamais en paix » semblait-il se dire.
Tout cela aurait pu se dérouler autrement. Ils auraient pu ressentir un rapprochement, leur intimité se serait construite avec ces mots. La joie et le sourire auraient dû accompagner ces discussions. Au lieu de cela, chaque phrase de Romuald était une nouvelle brique qu’il posait sur le mur qui devait le protéger. Le mur de Romuald montait de plus en plus. Bientôt elle ne le verrait plus derrière le plâtre.
Cette fois-ci elle en avait marre. Elle se sentait particulièrement fragile. Elle avait l’impression de perdre pied, de commencer à se noyer dans sa propre angoisse. Pourquoi aujourd’hui ? Rien de spécial au travail. Pas de nuit agitée la veille. Simplement des doutes qui l’avaient assailli, à la vue d’une boule jaunie, trouvée par hasard.

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