Quand elle a relevé sa manche, je l’ai vu sur la peau …

En ce début d’après-midi, il faisait bon. L’air était doux au sortir de l’hiver long que nous avions connu.

J’étais descendu passer le temps dans le square au coin du boulevard, au soleil, à flâner & regarder les passantes.

Le jardin, mi-potager, sentait la sauge en fleurs.

Je m’assis sur un banc où peu de temps après me rejoignit une inconnue. C’était une femme âgée ; mais belle de toutes ses années dont elle semblait avoir fait des trésors pour son éternité. Son visage ridé portait les marques d’une grande sérénité. Ses yeux, d’un bleu délavé, laissaient percevoir, pour qui soutenait son regard, un immense champs de ruines & de malheurs qu’elle avait surmontés. Elle les portait au loin, comme absente à cet environnement.

Elle était vêtue d’une jupe plissée toute simple, surmontée d’un  chemisier de coton bon marché. Quand elle a relevé sa manche, je l’ai vu sur la peau, discret, presque effacé par le temps ; mais bien là, battant au rythme de son pouls. Je ne pouvais le lire, mais je lisais quand même tout ce que ses yeux m’avaient déjà promis. L’immensité vide était donc faite de nuit & de brouillard.

Dans ma mémoire vive revenaient les noms impossible à prononcer.

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