La porte carmin

Nous étions si beaux, jouvenceaux juvéniles, naïvement idiots. On s’est gavé d’amour, comme si on ne pouvait s’en rassasier. J’avais l’impression de manger des cerises jusqu’à en éclater ou jusqu’à devenir Sumo. Deux sumos gonflés de câlins, de papouilles, de baisés, de passion. Ta façon de me défendre, contre tout et n’importe quoi jusqu’à plonger à corps perdu dans le ridicule… Me recouvrant d’un plaide lorsque je jouais à faire des empreinte d’ange dans la neige ou me promettre de casser la gueule de l’idiot qui avait klaxonné si tôt, du soleil — avec ces projections rayonnantes —, du vent — s’insinuant sournoisement chez nous en faisant chanter un vieux joint agonisant à la manière d’un signe — ou de quoiconque s’avisant de me réveiller.

 

Là, tout de suite, c’est à toi que je voudrais casser la gueule. j’aime pas les con et tu le sais, alors pourquoi en es-tu devenu un ? Tu m’horripiles tellement que je te piétinerais le visage sans scrupule aucun pour ces traits si fins, si délicats. Je t’ai haï d’aller au bout de la rue à droite, je t’ai vu rentrer dans la maison à la porte rouge. Une porte d’allumeuse dont la couleur diabolique ne pouvait abriter qu’une diablesse qui me damait le pion. C’est peut être par crainte de cette Lilith que je n’ai jamais pu m’y aventure, ni même d’y jeter un œil. Et puis tu avais beau être con, me tromper, tu n’en restais pas moins mon mari.

Trois mois que tu y allais deux fois par semaine, et puis deux, parfois trois heures durant. Si seulement, ho mon chéri, mon couillon, pauvre truffe égoïste, tu m’avais laissé franchir le carmin de cette porte pour t’aider à te soigner.

 

Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le...). Tout nouveau sous les toits, j'aimerai m'y nicher quelques temps.

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