Punkette Brewster

J’aurais voulu avoir une crête de punk, une vie de bohême, des mots d’argot plein la bouche, une volonté de fer qui change du jour au lendemain, des envies irrépressibles et des amours compressibles, un ventre creux mais un esprit toujours plein.
Et puis cette certitude que tu serais toujours à moi.

A la place, j’ai eu un mari sage et une vie rangée, pleine de discussions enflammées sur le choix de la pizza du samedi soir – « j’ai bien aimé celle aux champignons, néanmoins les poivrons c’est pas mal aussi ».

A la place, j’ai récupéré des colliers de nouilles pour la fête des mères, moi qui rêvais de colliers de chien pour faire pleurer ma mère.

C’est sûr, j’aurais pu lui dire non, à ce ventre qui gonflait, mais je n’en ai pas eu le courage. Tu es parti, et avec toi cette liberté qui n’en finissait jamais de se dérouler devant nous, cette vie où ne rien avoir, ne rien devoir, nous remplissait de tout.

Tu es parti, mais j’ai perdu la certitude d’être seul. Tu es parti et ma vie est devenue plus prévisible, plein de chaussettes à laver, de rages de dents, de bonnes nuits de sommeil.

Tu vois, ma voisine aujourd’hui s’appelle Huguette. C’est con comme prénom, mais grâce à elle, j’ai gagné une sœur.

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