Haut comme trois pommes

Publié le 19 mai 2014 par Marija D

A l’école, quand j’étais haut comme trois pommes, la maîtresse nous a demandé de faire un joli dessin pour la fête des mères. Avec les copains, on avait plutôt envie de jouer au morpion, à la bataille navale mais le plus discret, c’était quand même de jouer avec notre feuille blanche et des stylos pour faire croire à la maîtresse qu’on dessinait vraiment.
Mon voisin et moi avons donc pris une feuille blanche, on a dessiné un demi-cercle chacun dans son camp, on a dessiné un point dans ce demi-cercle – notre territoire, notre île. Le jeu consistait à tenir son stylo bien droit, d’appuyer son index sur le haut du stylo, lâcher la pression et suivre la marque laissée pour arriver à un autre point. Le premier arrivé sur l’île de son adversaire avait gagné.
C’était très rigolo. Malheureusement, la maîtresse nous a vus et nous a mis au coin, avec un bonnet d’âne.
J’aurais pu lui expliquer que je ne savais pas dessiner, que ma maman ne voulait pas de cadeau pour la fête des mères parce qu’elle préférait les cadeaux spontanés, les dessins qu’on lui faisait juste comme ça, pour les coller sur le frigo, même s’ils ne ressemblaient à rien.
Et puis, moi, je voulais jouer avec mes copains dans la cour. Je n’avais pas envie de rester assis sur une petite chaise toute la matinée alors que les toboggans, les ballons, les pneus, les cerceaux, les trottinettes et encore plein de jouets que je n’avais pas encore découverts nous attendaient dehors.
Et oui, parce qu’avec les copains, on avait commencé un jeu d’aventures avec deux équipes, un peu comme les gendarmes et les voleurs ou poule, renard, vipère. Nous, on était de gentils pirates et on partait à la découverte de cartes, de trésors. Et ce trésor, c’était le cadeau pour ma maman.
La maîtresse nous faisait perdre un temps précieux. Ça sonne ! Ouf, la récré ! On était sortis en trombe jusqu’à notre cachette pour élucider la suite de notre énigme : «Enlevez le filet, je vais oser ». On s’est tous regardés dans le blanc des yeux. Et, tout à coup, on a vu la cantinière nous faire un clin d’œil. Elle avait enlevé le filet de sa tête et nous a apporté un super pique-nique dans la cour avec un énorme gâteau au chocolat.