La mémoire du scarabée

Les pyramides se dessinaient à l’horizon. Aux alentours, les cavaliers lâchaient leurs chevaux qui partaient se défouler dans les dunes. Les scarabées, affolés, cherchaient à se dissimuler au milieu des pierres, sans succès. Pas d’aspérités pour s’accrocher, pas de trous pour s’enfouir, le sable avait tout comblé. Toutes les pierres avaient été polies au fil du temps. Le soleil avait éclaté les roches, l’eau du Nil avait noyé les terres, lissant le paysage. Le mystère régnait, le silence avait recouvert la vallée. Qui pouvait décrire l’arrivée des caravanes ? Les scientifiques s’y étaient bien essayés, avaient réussi par le truchement de l’interprétation des signes et des vestiges. Mais l’émotion qui pouvait la faire émerger ? Les parfums, qui pouvaient les faire exhaler ? Les voix, les chants, qui pouvaient les faire éclater ? Le scarabée était resté fidèle à son lieu de naissance. Il avait traversé les siècles, les civilisations, les guerres, les destructions. Et si un scientifique essayait de le faire parler ? Pourrait-il nous raconter tout ce que ses ancêtres avaient vécu, de leur apogée à leur chute dans l’anonymat ?

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