La roue tourne

Si on se laissait porter, si on montait faire un tour dans la nacelle aux vitres transparentes de la grande roue ? Le laveur de vitres est passé, on pourra surplomber la ville de Paris et même voir Ivry. Cette grande roue rappelle le London eye, avec plus de lumière certes car le vent a poussé les nuages et les a envoyés à Londres justement !

Pour étouffer les cris des gens qui ont le vertige ou couvrir les « oh, c’est beau ! » des plus téméraires, le forain a décidé de mettre de la musique dans ses petites cabines. Il aurait pu mettre la clim’ pour répondre à la chaleur étouffante d’un jour d’hiver.

Il est content, le flot de touristes ne cesse pas. Ce soir, il aura un bon chiffre d’affaires. Encore quelques jours comme hier et aujourd’hui et il pourra enfin toucher son rêve de près.

Ses angoisses et ses remords, il veut les laisser derrière. Il s’est vu dans le miroir ce matin et s’est d’ailleurs dit qu’il avait encore quelques belles années devant lui. Ses pensées errent et il divague pendant que les touristes tournent et tournent encore. Ça lui plaît bien cette idée de ne plus rien devoir à personne, ne pas rendre de comptes, ne plus obéir en somme. Ankylosé dans sa maisonnette à donner les tickets et rendre la monnaie, il se dit que demain il sera parti. Il pourra étirer ses bras, ses jambes, son dos. Il gagnera peut-être quelques centimètres, qui sait ? C’est décidé, entre hier et aujourd’hui, quelque chose s’est passé en lui, il a eu un déclic : je me barre de cet arrondissement demain et je vole vers d’autres cieux plus cléments.

–          Monsieur, je vous dois combien pour trois tours ?

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