Le figuier

Moi, je mange des figues dans le jardin ; lui, il perd son temps. Les figues, ça dure juste quelques jours. Au mieux, quelques semaines. Il faut prendre de vitesse les oiseaux. J’aime ce coin du jardin où personne ne vient. Il y a le fil à linge et la barrière qui sépare des voisins. Quand on approche du figuier, il faut bien regarder où on pose les pieds. Les figues qui tombent et pourrissent deviennent invisibles, mais collent fort aux semelles. Avant d’entrer dans la maison, il faut soulever un pied, puis l’autre, et bien regarder.

Tout le monde se fout de ce figuier. Moi, j’aime y venir à tout moment de la journée. Mais surtout le matin, quand l’air est encore frais. Le soleil arrive par là. Il éclaire sans chauffer. Les figues de ce figuier ne paient pas de mine. Elles sont petites, vertes. Il faut les tâter pour savoir si elles sont mûres. Mais avant, il est judicieux de bien regarder. Il faut passer sous les branches et observer, faire un premier choix. Très naturellement, l’œil cherche les plus grosses. A force, on sait bien qu’il faut attendre. On ne peut pas compter sur plus de deux ou trois à la fois. Alors, on prend son temps. Moi, je mange les figues juste au moment où je les cueille. C’est comme ça que je les aime. Lui, il ne pense pas aux figues. S’il passe à proximité, je lui en propose une. Il la mange, acquiesce de la tête pour signifier qu’il apprécie, et repart. Moi, quand j’ai mangé les figues, les quelques figues, je m’assieds sur le rocher. Je respire l’odeur des feuilles. Plus il fait chaud, plus le figuier dégage son parfum si particulier. J’en profite. Dans un mois je serai rentrée. Ce sera l’automne et les saisons nues.

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