Un après-midi

L’horloge en bois ne sonne pas et pourtant elle rappelle sans cesse le temps qui passe, celui des cheveux blancs.

C’est l’automne, les jours raccourcissent, le ciel s’assombrit.

Il y a encore une belle luminosité en fin d’après-midi. Mais c’est l’automne, les feuilles sont tombées dans le jardin. Je la vois assise dans le séjour. Elle ne s’ennuie pas, elle lit. Mais tout de même c’est un peu triste. Triste quand au soir de sa vie et malgré une vie bien remplie, on lit dans le silence et au-dehors les feuilles ont rougi.

Dimanche, ils les ramasseront, mon père et elle, mais pour l’heure, ce n’est pas son envie.

La maison a eu mille et une vies depuis notre naissance à aujourd’hui. Elle a été bruyante et agitée lorsque nous vivions tous ensemble et que nous suivions tous un rythme scolaire effréné. Les études sont arrivées, les départs le dimanche soir, et la tristesse de se séparer.

La maison reprend sa place et sa vie quand nous déboulons tous par train, en voiture, comblant nos chambres de désordres sans nom, les frigos débordent, y a de la musique et des cris.

L’espace se fait alors infiniment petit comme si la maison avait rétrécie, prise dans l’ouragan des nouveaux arrivants. Mais bientôt déjà, pour ma mère, avant même notre départ, le vide reprend sa place.

A quoi pense t’elle sous la lumière jaune du vieil abat-jour. Au loin, un chien aboie. 18h déjà. il y a le souper à préparer.

Ce long après-midi calme et reposant pour elle revêt une allure de nostalgie pour qui ne le vit pas. Faut-il le vide pour apprécier le plein?

Elle repose son livre. L’horloge de bois craque. Elle éteint.

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Je ne pensais pas au texte de Bénabar en écrivant le mien mais on y retrouve des images communes.
« Quatre murs et un toit » de Benabar (sur YouTube)

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