Au moment de m’endormir
J’entends que l’on frappe à ma porte
C’est toi, fillette, une larme sur la joue
Qui me supplies de te dire
Comment attendre autrement
Tu as eu si peur d’attendre
Que tu es partie en courant
De l’autre côté de la Terre
Où le temps s’accélère
Et où l’on se croit éternel
Pour ne pas attendre du tout
Tu as tout fait toi-même
Te soumettant à une tache colossale
Tu as pris le pouvoir
Et tu as cru diriger le Monde
Je suis restée ici à parcourir
Mon chemin de lenteur
A creuser les mots pour t’écrire
Persuadée dans mon cœur
Que je verrai ton retour
C’est cela attendre autrement
Rester soi-même malgré l’adversité
Se réfugier le soir devant l’âtre
Et accepter que l’on ne maîtrise pas
Les flammes
L’été, seule, s’allonger sous un chêne
Et être presque émue de se savoir
Protégée par ce léger toit de feuillage
Se rafraîchir à l’ombre de l’arbre
Avant de planter les graines des rêves les plus fous
Attendre autrement
C’est plonger dans la rivière
Des souvenirs pour se rappeler
Que les efforts et l’impatience
Sont vains
Car la vie simplement se déroule
Et offre à ceux qui s’aiment de
Se rejoindre avec plaisir
Pour vivre dans la joie
Une histoire un peu extraordinaire
Sèche tes larmes, fillette
Car nous voici réunies
Autodidactes, nous avançons
Sans instruction, sans manuel
Pleines d’imagination