Celui qui reste

Avant, il était vivant, bien vivant. Le monde tournait et il tournait avec lui. Dans la course pour l’infini, il gagnait; il allait si vite. Il croquait dans sa pomme comme un affamé, il croquait dans la vie comme un désespéré
Depuis, l’eau a coulé sous le ponts, sans qu’il la regarde passer. Maintenant, il regarde la vie qui défile et qui s’effile. Comme le feu dans l’âtre qui s’éteint, comme son chocolat chaud qui refroidit, comme le fil qui s’échappe, lui, de ses chaussettes trempées. La télévision est allumée en permanence, c’est bien. Il voit sans regarder, il entend sans écouter. Il ne cherche plus, il ne devine plus. Il est accompagné, il est seul, il est droitier, il est gaucher, qu’importe. Il est surtout myope, il est surtout presbyte. Maintenant, rien ne compte, même si tout pique un peu. Maintenant, seule l’heure tourne, mais il reste encore.

 

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire