Lucifer

« Midi est un fardeau », me promettait l’ami Lucifer, devin de mes songes et voyant de mes fesses. Qui aurait cru que le diable puisse être aussi minable, qu’un simple « non ! » prononcé avec force conviction pouvait le désarçonner, l’hébéter comme un homme sonné, rossé par les gants de cuir rouges qui nous assènent leurs coups toujours trop rapidement et nous fait tintinnabuler les cloches surmontées de couronnes.

Lucifer regarde ses pieds et fait pivoter son bassin suivant la rotation d’un axe vertical, les bras croisés derrière le dos ; comme un bambin face à la classe et dos au mur, qui a oublié le premier vers de sa poésie. Le feu des enfers empourpre ses joues que les larmes viennent tenter d’éteindre. Une à une tout d’aborder puis par ruisseau, par cours d’eau, par torrents pour rouler le long des ses joues creuses, s’agglutiner sous sa mâchoire osseuse et enfin s’écouler en cascade sur ses mocassins à glands ; eux aussi surmontés de couronnes.

S’est-il vraiment trompé ? A-t-il juste mal dormi ? Y a-t-il quelqu’un d’autre caché ici ? Nous fait-il un burn-out pour croire me faire peur avec un saladier géant de macédoine tiède dégoulinant de mayo ?

Il est peut-être juste gentil l’ami Lucifer ; ce n’est pas une cheminer, un de ces gouffres engloutissant les malheureux que l’on y jette, mais bien un panier, un véritable réceptacle à bisous.

Mais alors qui me fait perdre ? Qui me fait mal ? Qui me fait tomber et qui me fait chier ?

Peut-être est-ce juste moi. Il serait peut-être temps de compter mes arcs en ciel, au lieu de compter mes averses.

 

Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le...). Tout nouveau sous les toits, j'aimerai m'y nicher quelques temps.

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