Promenade en hauteur

— D’accord.

— Maintenant, tout de suite ?

— Oui sans perdre une minute, aller c’est parti ! Mais non, on s’en fou des écharpes, prend les échasses, on n’aura pas plus chaud, mais on ira plus vite. Les lampadaires seront sous nos pieds et on ne nous verra plus. Quitter Paris, sur les pointes de bois en catimini. Devenir des étrangers, pas l’un pour l’autre, on partage la même tête et une « séparation de membres » sur le modèle d’une séparation de biens serait vraiment casse-gueule.

Ce que le monde est bas sur ces perchoirs, je me sens l’âme métaphysicienne pas toi ?

C’est vrai que tu as toujours été un athée rêveur, un croyant de l’asticot ; dévoreur funeste et céleste qui creuse les trous de ver qui nous feront voyager dans le temps, alors la proximité de Dieu…

Non, reste avec moi, guide la jambe gauche un peu mieux que ça ; on traine la patte. Arrête de t’envoler, on est déjà assez en hauteur, et si tu ne restes pas proche de la terre ferme on va manger le trottoir.

— Ya pas à dire ça va plus vite que les baskets et c’est plus facile de botter le cul de mamie qui prend toute la place avec son caddie. Pas besoin de lui taper sur l’épaule droite pour la doublure par la gauche ou d’utiliser toute autre ruse.

C’est encore loin la mer ?

— La banlieue se rapproche, le rivage, c’est autre chose ; n’importe qui saurait le dire alors réfléchi.

— Ça s’arrête quand cette cohue, d’ici on dirait une fourmilière avec quelques gros scarabées à quatre roues qui attendent et klaxonnent au feu rouge.

— On va sauter le périph, on va se tirer d’ici, on écrasera les fourmies, on surfera sur les scarabées ou ces lombrics SNCFien jusqu’à la flotte.

— On peut nager plus vite avec ces échasses ? On peut y mettre un moteur ?

 

Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le...). Tout nouveau sous les toits, j'aimerai m'y nicher quelques temps.

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