De l’ombre à la lumière

Je pioche la liste pour la nuit, je la déplie et commence à lire. Le dernier mot me fait sourire. Lucioles. Cela parait approprier. C’était mon surnom pendant longtemps, le nom sous lequel j’ai commencé à écrire. Pas la meilleure période de ma vie, mais le collège l’est rarement d’après ce que j’ai entendu. J’y ai pourtant appris beaucoup sur la façon de faire face à l’adversité, comment se relever quand on croit que ce n’est plus possible. Et j’y ai rencontré de très belles personnes qui ne cessent de m’émerveiller encore aujourd’hui. Alors même si je n’ai absolument aucune envie d’y retourner, je ne l’effacerais pas non plus. Luciole, elle est bien loin cette ado et finalement pas tant que cela. Elle est encore là dans les petits détails. Les blagues pas drôles. Le complexe d’abandon. Les joies de l’amitié. Et cet amour inébranlable de la nuit. Oui, parce qu’il faut bien que je revienne dans le thème. Mais c’est vrai, j’aime la nuit. Je la choisirais sans hésiter plutôt que le jour. Et je lui dois beaucoup, je crois bien qu’elle m’a sauvée. Dans l’obscurité, on a le choix d’être qui l’on veut. J’avais le choix d’être qui je voulais. Seule avec les étoiles et le silence, il ne restait rien du masque que je portais toute la journée. C’est encore le cas aujourd’hui. Je crois que la nuit est le moment où je me sens le plus moi-même, exception faite des moments où j’écris. A la lumière et face aux gens, les murs sont là. Ils mettent de la distance entre moi et le monde. Ils me protègent et ils protègent le monde. Pour que les éclats n’atteignent personne. Mais la nuit, il n’y a personne. Pas besoin de mur. Il n’y a plus que moi et les morceaux brisés, quelques uns recollés et d’autres non. Je peux les contempler à loisir, pleurer ma douleur de les voir, sourire de voir les réparations, simplement admirer cette œuvre qu’est ma personnalité. Elle est incomplète, biscornue, mais elle a cette beauté qui sort dont ne sais où. Peut-être simplement parce que c’est la mienne.

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