Festin Onirique

Elle regarde le pain avec des yeux gloutons. Les mains croisées dans le dos, interdite, presque amère. Elle s’est entortillée jusqu’aux jambes, à tel point qu’un badaud un peu hâtif croirait qu’elle s’est trompée en mettant ses chaussures. Ses mirettes plantées dans la vitrine lui font perdre vingt ans, c’est une fillette qui exprime son envie de goûter diluvien dégoulinant de sucres, de chocolats, de miels et de tous ces gâteaux qui lui font vibrer l’iris, qui dilatent ses pupilles.

Le cœur léger et le ventre plein d’eau, elle rêve d’une fêlure, d’un craquage gastronomique, d’un carnage boulimique. Son reflet a beau lui faire non de la tête, chercher à attirer frénétiquement son attention pour la fusiller du regard, elle ne voit que les pâtisseries qui dansent maintenant jusque dans son esprit et ça la fait sourire. L’innocence de son visage nous ferait y croire, à tout ; aux leprechauns, aux monstres sous le lit, à la petite sourie, à son ventre qui gonfle d’une orgie pâtissière.

Et elle peut rester là longtemps, jusqu’à la tombée du rideau de fer ; ligne de démarcation, ligne d’interdit qui lui rend ses vingt ans, sa ligne file-de-ferrique elle qui ne goûte plu et qui est tellement maigre qu’elle pourrait s’envoler.

 

Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le...). Tout nouveau sous les toits, j'aimerai m'y nicher quelques temps.

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