La résistance du petit soldat de plomb

J’ai cru voir un militaire qui tourbillonne dans l’air glacé. J’ai cru voir une silhouette qui se balançait au bout d’un arbre. J’ai cru voir des cristaux de neige qui scintillaient dans la nuit. J’ai cru voir un éclair dans le ciel qui parcourait le monde mais tout ce qui importait était dans mes mains. Et dans mes mains, il n’y avait plus rien. J’avais jeter ta collection de petits hommes en plomb à travers la fenêtre. L’un deux s’est accrocher à une des branches de l’arbres en face. Il se balance doucement dans le vent neigeux de cette nuit glacée. Je regarde autour de moi et il n’y plus rien dans la pièce et plus rien dans ma tête. Par accès de colère, j’ai tout balancé au vent. Ils gisent dans la neige. Certains encore debout et d’autres face contre terre. Et sur sa branche, le petit soldat les domine comme pour leur dire de ne pas abandonner. Comme pour me dire qu’ils n’abandonneront pas. Il n’y a plus rien mais ils seront toujours là. Leurs spectres hantent la pièce. Le tien aussi d’ailleurs. C’était ta pièce. Celle où je ne pouvais pas, ne devais pas rentrer. Je referme la porte et m’enferme dans la chambre. Je voudrais pleure mais à quoi bon. Le volet claque et la lune diffuse sa lumière jusqu’au lit où je me trouve. Je regarde le plafond comme si il avait les réponses toutes mes questions. L’ombre du petit soldat apparait alors. Encore lui. Je n’en serais jamais débarrassée. Je me lève et va fermer le volet avec rage. Le peloton est maintenant complètement recouvert de neige mais sur sa branche le petit soldat veille toujours, pour me rappeler ce qui vient de se passer. Pour me rappeler que tu es toujours là, dans toutes les autres pièces de la maison. Je n’ai vidé que celle qui me blesse le plus. Celle où tu disparais. Celle qui t’enlève à moi. Symbole de cette passion dévorante que je partage pas. Mons esprit vagabonde vers des temps plus heureux. Des moments partagés à deux. Et je me rends compte que certains sont récents. Que ce qui nous unissait est toujours là. Que c’est moi qui exagère cette fois. Certes, parfois t’enferme  toute la journée dans ta pièce avec tes soldats de plomb, mais quand c’est le cas tu fais toujours l’effort de préparer le repas. Tu essaye de t’intéresser à mes passions. Je ne me relève et enfile un pull bien chaud. Je descends et attrape un eboite dans l’entrée. Une fois emmitouflée, je sors. Le petit soldat dans sa branche m’aide comme un phare à retrouver ses compagnons. Je m’agenouille dans la neige et entreprends de les découvrir un à une. De les exhumer pour pouvoir leur redonner toute leur place. Le portail grince et je te vois apparaitre. Tu m’embrasse sur le front et t’agenouille à côté de moi. Ensemble nous allons retrouver tous ces petits soldats.

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