L’aveuglement (réécriture)

Je fis tout pour travailler en équipe dans l’intérêt collectif.Il était toujours d’accord , me souriait, me complimentait. C’était une homme pressé et pourtant empressé ,disposant de peu de temps et sachant déléguer . Il m’arrivait d’emporter chez moi des documents et de terminer le travail tard dans la nuit.Mais c’était normal , pensais-je, de faire ces efforts . Notre projet aboutira dans le long terme. Parfois, il m’invitait à déjeuner à la brasserie .Il jetait toujours furtivement un regard sur le grand miroir placé au fond de la salle. Oui, sa tenue était impeccable ! Il m’étourdissait de mots professionnels ,avec une assurance convaincante. Encore un peu de persévérance,la lumière était au bout du chemin.Parfois à la tombée de la nuit quand la fatigue commençait à se faire sentir, des doutes m’assaillaient : qui est cet homme ? Pourquoi est-il toujours tant occupé, tant sollicité, surtout par les femmes ? Mais mes doutes disparaissaient quand je retournai au bureau.Je me laissai à nouveau séduire par son charme ,ses mots, son assurance de père protecteur. En réunion de travail, il faisait le compte- rendu de notre projet que j’avais écrit. Il était heureux, épanoui sous les feux de la rampe .

Le temps passa.Le projet piétinait.La direction demanda des comptes Il était de moins en moins disponible pour échanger avec moi et assister aux réunions où je tentais de justifier notre retard .

Lors d’un plan de licenciement nous faisions partie de la liste.Il m’avait fallu cet événement pour sortir de mon aveuglement.

Illustration : parabole des aveugles de Brueghel.

 

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