Prise en main

C’est la fête aujourd’hui. On fête la prise de la Bastille. On fête la révolution. On fête mon pote qui a enfin apporté le tire-bouchon !
Comme il est un peu tête en l’air, mon pote, on ne lui confie pas de grosses missions. Pas la peine de lui demander d’apporter à manger ou à boire. On se retrouverait tous le bec dans l’eau. Si tant est qu’il y ait un lac, un étang, une mare à canards, une flaque, à côté de nous.
Cette année, pour fêter notre révolution intérieure, on a tenté de lui confier une mission pas trop compliquée. On lui a collé des pense-bêtes partout chez lui : sur sa table de chevet à côté de son téléphone, sur le miroir de sa salle de bain, sur sa machine à café, sur son frigo, sur sa porte d’entrée. Des post-it de toutes les couleurs et de différentes formes : des carrés, des rectangles et même des cœurs et des fleurs. Plein de petits mots doux pour lui. On a tous signé « tire-bouchon » au lieu de notre vrai nom.
Il est arrivé quelques minutes en retard parce que, égal à lui-même, il était parti sans le tire-bouchon. Il s’en est rendu compte en passant devant sa boîte aux lettres en bas. L’un de nous a eu la judicieuse idée d’y coller un post-it rose fluo ce matin.
Le voilà donc enfin là ! On va pouvoir ouvrir les bouteilles et fêter dignement et comme il se doit la révolution qui s’est opérée en nous ces derniers mois. On s’est installés au Champ de Mars en plein mois de juillet, face à la Tour Eiffel. On a mangé, on a bu et, en dessert, on a pris un croque-drapeau parce qu’on est tous d’ici et d’ailleurs et qu’on n’a pas besoin d’étendard pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient.

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