De fil en aiguille

Il est parti avec le sac en plastique qu’elle lui avait donné. Un sac avec un pull, deux T-shirts et sa brosse à dents. Il n’a rien compris, en tout cas, pas grand-chose. Il l’aimait, elle l’aimait. Et pourtant, quelque chose ne s’était pas passé comme prévu.
Il y était allé étape par étape, tout doucement, tout tranquillement. Sa force à lui, c’était bien de tout contrôler, de tout maîtriser, de mener la danse, de dire où, comment, à quelle heure. Surtout ne pas se laisser déborder, ne pas perdre le contrôle pour ne pas se faire manipuler, ne pas se faire avoir. Il ne montrait jamais ses émotions, se faisant passer pour un roc au cœur de givre. Mais elle, elle avait réussi à briser la glace.
Depuis, il voyait des étoiles partout et ça ne lui plaisait pas du tout. Il perdait le sens des réalités et se prenait à rêver, à sourire et à rire. La Terre se mit à trembler sous ses pieds. Et il ne savait plus où mettre les pieds sur son chemin tout tracé. Il regarda le ciel, la lueur d’une étoile filante le ramenait à son présent. Il reprit conscience de son environnement, des odeurs de baies sauvages alentour.
Il décolla un pied puis l’autre. Sur le chemin, il réalisa qu’il avait une dent contre lui-même. Ses membres tendus, les poings crispés, il eut enfin une idée. Il aimait sa chère dame de manière gourmande, elle l’aimait aussi beaucoup, il le savait.
Il rentra chez lui, il détendit ses poings et ses doigts et, de l’amour qu’il lui portait, lui tricota une dentelle.

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