Dédales

On se baladait souvent toi et moi, à moto ou en voiture. On est passés quelques fois Porte de Clignancourt, à l’opposé de chez toi, pas très loin de chez moi. On regardait les immeubles et les devantures. On a ri devant la devanture du kebab grec algérien. On s’est dit que c’était un drôle de mélange quand même. On s’est demandé si on connaissait des grecs-algériens. Toi, tu connaissais des algériens ; moi, je connaissais des grecs ou plutôt leurs voisins mais aucun de nous ne connaissait des gens issus de ce curieux métissage.
Un jour, sans toi, j’ai pris le métro parce que tu détestes le métro évidemment. Je suis allée Gare de Lyon et j’ai pris la sortie n°1. Je me suis trompée, je devais prendre la correspondance sur la ligne 1. Mais bon, j’étais perdue dans mes pensées, je pensais à toi et à nos virées qui ne sont jamais sorties de Paris. J’ai demandé à une dame par où passer pour récupérer la ligne 1. Elle avait un accent que je n’arrivais pas à déterminer. Je lui ai demandé d’où elle venait. Elle m’a dit : « Oh, c’est un peu bizarre comme mélange. Mon père est algérien, ma mère est grecque ».
J’ai souri et j’ai pensé encore à toi. Comme quoi, ça existe des gréco-algériens ! Je n’ai pas osé lui demander si elle tenait le kebab Porte de Clignancourt. Je l’ai remerciée pour ces indications. En me saluant, elle m’a dit, comme une confidence : « peu importe d’où l’on vient, l’essentiel est de se sentir chez soi ».
C’est vrai que j’étais perdue dans les couloirs de la gare de Lyon mais j’étais aussi perdue dans mon cœur et dans ma tête. J’ai souri à la dame et pris ce qu’elle m’a dit comme un présage : je retrouverai mon chemin, je retrouverai ma voie, je retrouverai qui je suis. Je suis partie le cœur plus léger, le dos droit et le menton levé. J’avais retrouvé la foi en moi et je retrouverai mon chemin jusqu’à toi.

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