Dimanche

Il se réveilla avec la gueule de bois aprés cette soirée arrosée qui consacrait sa récente promotion. Chaussa ses basket, comme il le faisait tous les dimanche, cap sur le bois de Vincennes pour le running de décontamination. Son chien Georges lui faisait déjà la fête et comptait bien faire partie de l’échapée belle. Il avait besoin de se sentir vivant et la course à pied lui rappelait, chaque dimanche, que sa carcasse était lourde et qu’elle grippait dans l’effort quand il s’imposait une cadence trop agressive. Georges le placide suivait son maître à bonne allure, la langue pendante, heureux comme un pape. La coulée verte d’abord, puis ce terrible faux plat de 800 mètres jusqu’au lac Daumesnil où il mettait le pilote automatique. Se mettre en mouvement pour avancer, courir pour ne pas se faire rattraper par l’entropie, le rien, le vide. « Tout système non entretenu se dégrade puis meurt » lui avait glissé un jour son père qui n’avait jamais fait de sport mais se plaisait à théoriser ses vertus. Sur la piste, dérouler, changer de braquet, lâcher les chevaux.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.