Emmanuelle, deux sur trois

« Sur le lit de la chambre n°12 de l’hotel Meurice » je l’ai trouvé en tenue légère, une coupe de Cristal millésimé dans la main droite et une pivoine blanche dans les cheveux. Voilà quinze ans que je n’avais pas vu Miranda. La dernière fois que nous nous étions croisés, elle m’avait lancé un  » Donnez moi Monsieur s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger !! ». Elle me regardait avec gourmandise, je ne la quittais plus des yeux. Elle me fit signe de tomber la veste « au bord du ruisseau ». Remontait en elle le souvenir de cet été où nous nous étions baignés nus dans les eaux froides des torrents de Bavella en Corse du sud aprés avoir rôti toute la journée sur de grosses pierres chaudes à bouquiner et à rêver des prochaines vacances. C’était l’été de notre première rencontre. J’avais vu Miranda pour la première fois sur un scooter pourri à Porto Vecchio, scooter qui me rappelait celui que je m’étais fait tirer « à gauche du pilier n°3 de la Tour Eiffel ». Fourriéré plus précisément. Elle rejoignait des amis à la terrasse du bar La Pietra, un dossier sous le bras. Elle commandait un spritz, breuvage que j’avais découvert avec bonheur l’été précédent à Rome, et quelques tranches de lunzu de pays. Assis à la table de droite, je ne la quittais pas des yeux. Crânement, je déciderai un peu plus tard dans la soirée de lui offrir un verre qu’elle accepterait avec hésitation. Eté 1990.

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