Georges et Germaine

« Dieu n’est que poussière » avait-elle lu dans la rubrique littérature du journal « La Montagne ». En sirotant son café sur la terrasse  des « Temps modernes », revenait à elle, en écho, les mots péremptoires que Georges lui avait assainés bien des années plus tôt et sur lesquels elle se retounerait, ici et là, encore et encore. « Les mouchoirs sont les grenouillères de mon regard » luit avait-elle lancé, un peu surprise elle-même par la fulgurance de mots qu’elle ne comprît pas sur l’instant. « Dieu n’est que poussière »… L’arthrite commença à la gagner lorsque Georges la quitta prématurément. Satanée arthrite qui tordait ses doigt comme de vieux ceps de vigne et faisait fibriller la tasse de café encore brûlante. « Dieu ne t’a pas retenu mon Georges, mon tendre Georges et te voilà à présent dans la baie des anges. Je me souviens de cet été au lac de Côme où, les deux mains collées, je m’élançais dans ses eaux froides, dans un éclaboussement disgracieux. Les lèvres pincées, la chair de poule aux cuisses, je tenais péniblement la tête hors de l’eau et vit sur la berge opposée deux silhouettes insolites qui s’affairaient avec l’énergie de castors. Je me souviens de ton sourire bienveillant et du sillon que tu laissais devant moi dans des mouvements d’une grande amplitude ».

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