Jour de janvier

C’est un jour de janvier qu’il avait décidé de quitter famille et pays pour tenter l’eldorado. Aprés avoir rassemblé les économies de la sueur, il avait acheté ce billet sans retour auprès de cet armateur peux scrupuleux. Il embarqua au petit matin du 7 janvier dans ce rafiot de fortune qui monnayait au prix fort l’espérance d’un mieux futur. Sur le pont, une foule massive et compacte. Qui descendit telle une procession mortuaire dans les entrailles du Balthazar. La sueur des peaux, les regards fuyants, les odeurs entêtantes de fioul, les pensées absentes. Là bas, Said espérait retrouver une dignité. Il l’avait promis à Awa. Il reviendrait au pays d’ici quelques mois, riche de son labeur. Il travaillerait comme un damné s’il le fallait mais il réussirait. La traversée pour Catane commença dans un silence pessant. Les voyageurs du jour s’observaient, les mains serrant nerveusement leur baluchon. Ici, le mouroir, là bas, l’espérance. La mer était grosse, la nausée submergea Said.

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