Rencontre choc

Dans le sucrier, la fourmi s’est endormie, vaincue par les émotions. Par une belle journée d’été, la fenêtre ouverte l’avait interpellée. Incomprise du groupe des travailleuses, elle avait fugué et cherchait un nouveau refuge pour l’accueillir. Prestement, elle avait escaladé le pied de la table, rien ne bougeait autour d’elle. Ses antennes tressaillaient de plaisir à la perception du festin qui trônait sur le plateau. Contournées les miettes, évitées les gouttes de thé, ses mandibules trépignaient à l’idée d’escalader la montagne qui se dressait face à elle, blanche, blanche. De cristaux en cristaux, elle gravissait l’obstacle. Une porte claqua. Des mains s’affairèrent, la soucoupe s’envola, le sucre retourna dans le sucrier, l’emportant, effrayée, tourneboulée. Comment sortir maintenant ? Escaladant en plein dévers la pente glissante, de chute en chute, de rattrapage en rattrapage, une patte après l’autre, à la recherche d’un appui, d’une pince, elle progressait… Hélas ! Telle une tornade, Miss Clackfield ramassa sucrier, théière, cuillère et thermos, et les enfourna dans sa malle en cuir. La voilette rabaissée sur les yeux, les bagages ficelés à l’arrière de la torpédo, elle prit la route, en direction de la piste du Kilimandjaro. Rien ne l’arrêterait. C’était décidé aujourd’hui, elle irait jusqu’au pied du redoutable sommet et demain serait le jour tant attendu de la confrontation avec le géant. Il n’était pas dit qu’elle, Miss Clackfield, femme, ne réussirait pas à l’escalader.

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