Ronchon Théodore

Théodore a mal dormi. Alors quand c’est comme ça, il est ronchon toute la journée, tout l’agace, tout l’énerve. Il ne supporte rien ni personne. Il a l’impression que tous les éléments sont contre lui. Par exemple, tout à l’heure, il a renversé son bol de café au lait sur ces genoux. Avant déjà, il s’était entaillé le doigt en coupant une tranche de pain. Tous les éléments, se dit-il en réfléchissant. Le loquet du volet lui était resté entre les mains en l’ouvrant ce matin. Tout ça le rend inquiet. Il attend Jeanne, sa fille, qui doit l’emmener faire des courses. C’est sûr, ils vont encore se disputer. Elle voudra lui faire acheter certaines choses, soit disant bonnes pour sa santé, et lui ne voudra pas. Il a envie de manger et boire ce qu’il veut. Il entend la voiture de Jeanne. Il sent à sa conduite qu’elle est pressée. Elle va le bousculer, lui reprocher de ne pas être prêt, qu’elle n’a pas que ça à faire, qu’il ne se rend pas compte des journées qu’elle a, entre son travail, les enfants, et lui, Théodore qui n’en fait qu’à sa tête, qui n’écoute jamais ce qu’elle lui dit. Ca y est, elle klaxonne, descend de la voiture, traverse la cour de son pas énergique. Papa, tu es prêt ? Mais qu’est-ce qu’il l’aime, tout de même, sa Jeanne.

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