Je trône sur la table imprégnée d’odeurs florales. Mes jambes rougeaudes sont immobilisées dans un film plastique me donnant l’air d’une chipolata plongée dans l’eau.
Un supplice dites-vous? Aurais-je fauté? Non ne vous inquiétez pas, juste un cadeau de mon mari pour que je ne me fane pas. Un soin du corps pour fleurir à nouveau avec une peau nette et rose, bien imbibée de thé à la menthe.
La masseuse entraîne mes bourrelets dans une polka endiablée. Je sens ma peau irradier de chaleur et crier au supplice. Seul le ventilateur semble intercéder en ma faveur.
« Vous allez voir Madame, vous allez vous sentir légère en sortant, ce massage favorise la circulation ». Circulation de quoi? Mon sang ne fait qu’un tour, je n’ai pas besoin qu’il en fasse plus.
« Et puis les grains de sable à l’eau de rose et au ginseng éliminent les toxines ». Quelles toxines? J’ai été élevée au grand air moi, je mange local, bio, fait maison etc. pas de toxine chez moi. La nicotine est une toxine?
« Détendez-vous, voilà madame, passez votre tête dans le trou, oui comme cela, je vais redynamiser votre dos ». Comprenez: tapoter fermement sur le dos et se sentir prisonnière d’une gélatine anglaise.
Je me concentre sur le sol pour oublier la douleur de ces deux heures de « tu vas voir ma chérie, cela va te faire du bien ».
Des carreaux de lino ont été collés au sol. J’essaye d’y voir de belles images assemblées, mais rien juste des carrés bien droits et précis comme les gestes de ma masseuse thaï.
