Solitude de l’enfant

Je grimpe à l’échelle. Arriverai-je à toucher les nuages. Les arbres dressent une haie qui dissimule vaches et veaux. Est-ce que les veaux vont devoir quitter leur maman pour partir à l’abattoir ? Leur truffe humide me gratouille le creux de la main quand je leur tends de l’herbe. Je ne veux pas les voir prendre la route. Je préfère m’enfuir. Je voudrais avoir des ailes pour m’échapper loin, vers la mer. Les vents et les vagues m’éloigneraient, m’entraînant vers le soleil. Tu restes dans le jardin, on va bientôt passer à table ! La voix de maman me ramène sur terre. La maison cernée par les immeubles, je tourne en rond et me dévisse la tête pour essayer de m’évader. J’obéis, je désobéis ? Les minutes s’égrènent, je fonds d’ennui. Va te laver les mains et mets la table. Je traîne les pieds. On est combien ? Cinq ; tes grands parents nous rejoignent à midi. Midi sonnante, tout le monde se retrouve autour de la table. Discussions croisées, je suis transparente. Les radis font une ronde dans mon assiette, poursuivie par les tomates cerises, auréolées de rondelles de concombre. Le plat à rôti arrive au milieu de la table. C’est quelle viande ? Du veau, passe-moi ton assiette.

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