Je suis un sniper. Un tireur d’élite.
Sur le toit du stade, je guette les menaces au travers de mon viseur.
Je refuse les jumelles. Je voyage léger.
J’ai postulé pour veiller sur le match et les joueurs, mes idoles.
Ils n’avaient pas voulu de moi, au Centre de formation. « Pas assez sûr de lui dans les prises de balles », avaient-ils écrit. Rédhibitoire, pour un aspirant goal.
Et maintenant, les mecs, je suis un sniper. Hein, les mecs, je suis un tireur d’élite. C’est le sang froid qui coule dans mes veines. Jamais mon doigt sur la gâchette ne tremble. J’inspire, je bloque, je tire.
Je voyage avec les Grands de ce monde.
Et vous, les gars montés sur des crampons, je vous aperçois tels des fourmis sur un espace vert.
Que vous me semblez petits !
Je passe en revue l’équipe, avec mon viseur.
Je mets en joue chacun. Pan !
J’ai une vue privilégiée sur le tribune présidentielle, envahie d’un extrait du Who’s who. Je repère des ministres en poste, ou du passé, des présidents, d’Etat ou de fédérations sportives, des sportifs professionnels, en activité ou recasés, et quelques noms du cinéma, de la télé…
Eux aussi sont dans ma ligne de mire.
Un petit clic pour passer de tireur d’élite à tueur d’élites.
Tireur d’élite, par mission.
Tueur d’élites, par passion.