Bulle d’oxygène

Publié le 30 mars 2016 par Marija D

Le lendemain, j’ai pris mes cliques et mes claques et j’ai ressenti une grande liberté. Pourtant, j’étais calme, pas du tout énervé. Je voulais juste partir et changer mon quotidien, ma routine. Pas de café avec tartines au petit déj’ cette fois. Pourquoi pas des huîtres ? Même si je n’aime pas ça. La dernière fois que j’avais tenté de gober une huître, je ne m’en étais pas remis. Le serveur m’a dit que ce n’était plus la saison, il m’a proposé un mets d’automne qui coûtait bonbon.
C’était la première fois que je goûtais une truffe blanche. Tant qu’à manger des choses inédites, je me suis aussi pris un quart de vin. J’ai fait confiance au sommelier qui a dû dépoussiérer la bouteille au prix qu’on ne dit pas.
Juste après, je suis allé à la piscine. Pas la piscine municipale. Celle à débordement avec vue sur la mer. J’y ai juste trempé les pieds pour ne pas me noyer. Ça aurait été bien quiche de ma part de mourir comme ça ! Je me suis allongé sur le transat, tout nu, juste parce que j’en avais envie. De toute façon, il n’y avait pas de vis-à-vis. J’ai somnolé, un peu bavé sur la serviette et j’ai surtout rêvé d’elle. Il fallait pourtant que je me décide à lui dire tous les mots que j’ai dans le cœur.
Mais mon cœur était vieux, il manquait de fantaisie. Mon conseiller personnel m’a révélé une méthode imparable pour débloquer la situation : enlever le poids qu’on a sur les épaules, se redresser et être fier, ne pas avoir peur de déclarer sa flamme à sa belle.
Le soir venu, j’ai ouvert une bande dessinée. La bulle disait : « Alors, tu veux bien ? ». J’ai plagié cette bulle et lui ai envoyé. Silencieusement, j’attendais que mon téléphone bipe une bulle de réponse. Bizarrement, rien. Je me suis aperçu qu’elle n’avait pas emporté son téléphone.
La prochaine fois, je prendrai un café avec des tartines et je lui apporterai au lit pour qu’elle reçoive bien ma bulle.