– Combien tu m’aimes ?
Gilles sourit à sa fille. Elle continue :
– Il y a une fleur pour moi, une fleur pour maman, et une fleur pour toi.
Gilles tire sur le filtre de sa cigarette et exhale une volute de fumée.
– Toi d’abord : combien tu m’aimes ? Demande-t-il.
– Non, on attend Maman. Elle est partie sous la neige faire des courses à Montmartre. Dis Papa, elle va revenir ?
– Mais oui ! Elle n’a pas pris son vélo, cela aurait été trop dangereux. Et elle est bien couverte.
Elle est partie acheter du soisson chez le pécheur ?
– Pois-son. Et puis, des pécheurs dans Paris, il n’y en a plus guère. C’est en vacances que l’on en voit.
– Une zuitre, alors ?
– Non, Clara, une-huit-re. Tu aimes ça, les huîtres ?
– Oh non alors ! Mais toi, tu en réclames tout le temps !
– Ah oui, tu trouves ?! C’est un caprice pour dire à ta mère que je l’aime.
Papa, pourquoi tu fumes ? Ça pue ! C’est quand que tu arrêtes, elle demande Maman. Heureusement, tu as cassé ta pipe.
– C’est des histoires de grandes personnes, ça. Dis-moi, ne veux-tu pas aller jouer du violon ? Tu dois t’entraîner pour que madame Michel soit fière de toi.
– J’l’aime pas ! Elle a des gros cils très longs et très noirs. On dirait une sorcière. Et son parfum me fait mal au cœur. Je sens quand elle arrive derrière la porte.
– Vraiment ? Je crois que tu exagères un chouia. Peu importe la fleur, Clara, je t’aime beaucoup.
C’est un peu par hasard que j’ai découvert le plaisir d’imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j’ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l’enchantement. Merci à tous.