le grand large

Je pars à l’aube.
Le soleil n’est pas levé.
Le ciel teinté de rose change comme une toile de maître, dévoilant ses couleurs seconde après seconde.
Je descends la ruelle qui se perd dans l’eau du port.
La mer est là, face à moi.
Je sens l’odeur de sel sur mes lèvres, j’entends le bruit des vagues sur la plage.
J’enlève mes chaussures, mes pieds nus s’aventurent sur le ponton.
Il est froid et la chair de poule monte à mes chevilles.
Le bateau est là, bien ancré, qui m’emmènera, ce matin, vers le large.
J’y ai pensé toute la nuit.
Au roulis de ma barque, aux cris des mouettes dans le vent, au son nacré des gouttelettes qui viendront se perdre sur ma voile.
Le soleil se lève, l’horizon s’ouvre à moi.
Le ciel vire au bleu, les nuages s’amoindrissent pour disparaître dans la brume de ce matin plein de promesses.
Mon cœur s’emplit des sensations que cette mer calme me procure.
Joie non feinte de partir à l’aventure, de viser le ciel pour atteindre la plénitude.
Joie non feinte de me dire que tout m’est permis, sans interdit.
Joie encore d’accueillir ce matin comme le cadeau d’un jour nouveau, sans traces et sans empreintes.
Je pars.
Mon bateau glisse sur l’eau, s’élance sur les vagues sans accrocs, doucement, il atteint sa vitesse de croisière.
Là-bas, au loin le phare m’offre par intermittence sa lumière douce, celle qui, en pleine nuit, permet de revenir chez soi, au port, et de ne pas se perdre dans l’immensité.
Le temps doux s’égraine sagement et je suis bercée par le mouvement de l’eau.
Me yeux ne voient que le bleu qui emplit désormais tout le ciel, et qui se confond avec la mer.
Je passe ma main par-dessus bord et la laisse glisser dans l’eau.
Elle est fraîche et cette soudaine sensation me fait sourire.
Je prends le temps de respirer l’air du large, dont l’odeur me rappelle mon enfance.
Souvenir des jours tendres où mon père nous emmenait sur son bateau pour de longues balades en mer.
Le soleil s’est levé, il darde ses rayons sur ma petite embarcation.
Je flotte dans le grand large, je rêve que je vole, comme ces mouettes qui me tiennent compagnie.
Il est bientôt l’heure de rentrer au port.
L’horizon se referme, tout devient plus petit.

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